Voyage dans un pays de l’Afrique australe, la Zambie ; voyage également dans le temps de trois familles et donc de plusieurs générations, qui vont s’entrelacer au fil du temps. Nous avons là, une saga africaine, qui si, il survole le quotidien terre à terre, n’en oublie pas moins les situations et questions sur le devenir de moult pays africains, qui demeurent des proies idéales des pays occidentaux.
Un colon : Percy M. Clarke, s’installe, près d’un site majestueux : les chutes de Victoria situées sur le fleuve Zambèze. Ainsi, au fil des pages vont apparaître : une enfant dotée de poils sur tout le corps, une adepte du tennis aveugle, une mère indigne, etc… Le drame pour ce florilège de femmes qui devront lutter et outrepasser ces handicaps pour continuer la lignée de la famille. Sans compter également, par le brassage des races : blanche, noire et indienne ; qui apporte une situation excessivement difficile à vivre, à certaines époques.
Mais au-delà de vie éminemment attristante du quotidien de ces femmes et de leurs enfants ; le contenu politique sous-jacent au début viendra par la suite interpeller le lecteur sur les sujets macroéconomiques. Le népotisme inhérent à toute nation, la guerre véritable cauchemar et ce quelle que soit la couleur de la main qui tient l’arme, la lutte des femmes pour la reconnaissance de leurs droits dans tous les compartiments de la vie, bien évidemment la lutte contre le racisme qui n’épargne aucun pays, la volonté de créer un groupe, une identité voire enfin une nation. Enfin si beaucoup de pays africains ont obtenu de haute lutte leur indépendance, il convient de s’interroger sur les interventions de la Chine et des pays occidentaux qui sous couvert d’aides puis d’investissements pourrait être considérées comme un colonialisme larvé. Bref et sans fournir une liste exhaustive des sujets abordés, les pistes de réflexions s’avèrent bien nombreuses !
Mustiks une odyssée en Zambie, un roman doté de 698 pages, qui comporte certaines longueurs ; et avec un épilogue surprenant sur le devenir de la civilisation : un genre d’anticipation ou peut-être une dystopie ? Namwali Serpell a semble-t-il recensé les maux de son pays afin de nous faire – culpabiliser ? – réfléchir à nos propos et actions envers les pays africains.
Un grand merci aux Éditions du Seuil et Babelio pour la découverte de cette auteure et de son pays.
