S’adapter — Clara Dupont-Monod

Merveilleux livre de « Clara Dupont-Monod » sur un sujet éminemment délicat à aborder et, surtout à narrer avec délicatesse sans emphase destinées à émouvoir le lecteur. La naissance dans une famille, avant normale (oui, facile à écrire, mais ainsi sont les normes, immuables parfois !), qui à la joie de la naissance d’un enfant, voit tous ses repères aller à vau-l’eau.

Original, le récit effectué non par l’un ou l’autre des participants mais par les pierres rousses de la cour ; oui, vous avez bien lu, le monde minéral, décide de raconter la vie de ses parents de l’enfant inadapté, de leur malheur. En effet, elles sont le témoin depuis des millénaires de la vie de cette famille cévenole. À l’instar des pierres, le récit s’absout de nommer les membres de la famille, et mettre en exergue non leur personnalité mais leur émotion : l’Aîné, la Cadette, l’Enfant, le Dernier…Eh bien, nul difficulté à s’y retrouver, et je dirai même, que nous comprenons les phases de tourments qu’ils traversent sans se rattacher à des prénoms, voire nous prenons de plein fouet les émotions indicibles déclenchées par les aléas de la vie.

Ainsi, à la naissance, l’enfant handicapé a une durée de vie estimée de trois maximum. Pour les parents, l’avenir et le bonheur semblent révolus, mais ils allaient devoir porter sur leurs épaules le poids d’une éternelle douleur.

Malgré un sujet difficile, l’auteure diffuse une joie de vivre dans les tout petits riens, mais nous transporte dans la volonté de nourrir de sensations cet enfant ; avec les multiples images sur la nature, que ce soit le pépiement des oiseaux, le doux murmure du torrent, ou la verdure de l’orée du bois ! Transparaît également la tristesse et le rejet de ce petit être, par le regard des autres. Et qui débouche sur le questionnement plus tard, du Dernier, qui culpabilise des non-dits des autres membres de la fratrie – remplace-t-il l’Enfant ? Une lancinante question qui le torture.

Bref, un livre émouvant, sans fioritures qui transcende le sujet, qui force à « S’adapter », à percevoir la bonté humaine, à s’affranchir du regard hypocrite et sans-cœur des bonnes gens ; enfin vibrer dans l’amour pour un petit être innocent. « S’adapter » un livre plein de pudeur, de talent ; empreint de respect, d’empathie et d’écoute. À lire.

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